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SUR LA RÉVOLUTION FRANÇAISE

« Je me rappelle encore que je l’ai entendu appeler du nom de factieux, et je me suis demandé alors quel étoit le sens de cette expression. Je me suis demandé quel autre ministre avoit jamais été plus dévoué au maître qu’il servait, quel autre avoit été plus jaloux de publier les vertus et les bienfaits du roi, quel autre lui avoit donné et lui avoit attiré plus de bénédictions, plus de témoignages d’amour et de respect.

« Membres des communes, qu’une sensibilité si noble précipitoit au-devant de lui, le jour de son dernier triomphe, ce jour où, après avoir craint de le perdre, vous crûtes qu’il vous étoit rendu pour plus longtemps, lorsque vous l’entouriez, lorsqu’au nom du peuple dont vous êtes les augustes représentans, au nom du roi dont vous êtes les sujets fidèles, vous le conjuriez de rester toujours le ministre de l’un et de l’autre, lorsque vous l’arrosiez de vos larmes vertueuses : ah ! dites si c’est avec un visage de factieux, si c’est avec l’insolence d’un chef de parti qu’il recevoit tous ces témoignages de vos bontés. Vous disoit-il, vous demandoit-il autre chose que de vous confier au roi, que de chérir le roi, que de faire aimer