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CONSIDÉRATIONS

vouloit pas sans cesse confondre les articles de foi avec les questions politiques, et la richesse du haut clergé avec l’ascendant simple et naturel des curés sur les gens du peuple.

Le clergé en France faisoit partie des quatre pouvoirs législatifs ; et, du moment qu’on jugeoit nécessaire de changer cette bizarre constitution, il falloit que le tiers des propriétés du royaume ne restât pas entre les mains des ecclésiastiques ; c’est comme ordre que le clergé possédoit une telle fortune, et qu’il l’administroit collectivement. Les biens des prêtres et les établissemens religieux ne pouvant être soumis au genre de lois civiles qui assurent l’héritage des pères aux enfants, du moment que la constitution de l’état changeait, il n’eût pas été sage de laisser au clergé des richesses qui pouvoient lui servir à regagner l’influence politique dont on vouloit le priver. La justice exigeoit qu’on maintînt les possesseurs dans leur jouissance viagère ; mais que devait-on à ceux qui ne s’étoient pas faits prêtres encore, surtout quand le nombre des ecclésiastiques surpassoit de beaucoup ce que le service public peut rendre nécessaire ? Donnerait-on pour motif qu’on ne doit jamais changer ce qui étoit ? Dans quel moment le