Aller au contenu

Page:De Staël – La Révolution française, Tome I.djvu/37

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
23
SUR LA RÉVOLUTION FRANÇOISE

Louis XII, surnommé le Père du peuple, soumit à la décision des états généraux le mariage du comte d’Angoulême, depuis François Ier, avec sa fille Claude, et le choix de ce prince pour successeur. La continuation de la guerre d’Italie étoit impolitique ; mais, comme Louis XII diminua les impôts par l’ordre qu’il mit dans les finances, et qu’il vendit ses propres domaines pour subvenir aux dépenses de l’état, le peuple ressentit moins sous lui, qu’il n’auroit fait sous tout autre monarque, les inconvéniens de cette expédition. Dans le concile de Tours, le clergé de France, d’après les désirs de Louis XII, déclara qu’il ne devoit point une obéissance implicite au pape. Lorsque des comédiens s’avisèrent de représenter une pièce pour se moquer de la respectable avarice du roi, il ne souffrit pas qu’on les punît, et dit ces paroles remarquables : « Ils peuvent nous apprendre des vérités utiles. Laissons-les se divertir, pourvu qu’ils respectent l’honneur des dames. Je ne suis pas fâché que l’on sache que, sous mon règne, on a pris cette liberté impunément. » La liberté de la presse n’étoit-elle pas tout entière dans ces paroles ? Car alors la publicité du théâtre étoit bien plus grande que celle des livres. Jamais un monar-