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Page:De Staël – La Révolution française, Tome I.djvu/38

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CONSIDÉRATIONS

que vraiment vertueux ne s’est trouvé en possession de la puissance souveraine, sans avoir désiré de modérer sa propre autorité, au lieu d’empiéter sur les droits des peuples ; les rois éclairés veulent limiter le pouvoir de leurs ministres et de leurs successeurs. Un esprit de lumière se fait toujours sentir suivant la nature des temps, dans tous les hommes d’état de premier rang, ou par leur raison, ou par leur âme.

Les premiers jours du seizième siècle virent naître la réforme religieuse dans les états les plus éclairés de l’Europe : en Allemagne, en Angleterre, bientôt après en France. Loin de se dissimuler que la liberté de conscience tient de près à la liberté politique, il me semble que les protestans doivent se vanter de cette analogie. Ils ont toujours été et seront toujours des amis de la liberté ; l’esprit d’examen en matière de religion, conduit nécessairement au gouvernement représentatif, en fait d’institutions politiques. La proscription de la raison sert à tous les despotismes, et seconde toutes les hypocrisies

La France fut sur le point d’adopter la réformation à la même époque où elle se consolida, en Angleterre ; les plus grands seigneurs de