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SUR LA RÉVOLUTION FRANÇOISE

CHAPITRE XVIII.

De l’établissement des assignats, et de la retraite de
M. Necker.

LES membres du comité des finances proposèrent à l’assemblée constituante d’acquitter les dettes de l’état, en créant dix-huit cents millions de billets avec un cours forcé, assignés sur les biens du clergé. C’étoit une manière fort simple d’arranger les finances ; toutefois il étoit probable qu’en se débarrassant ainsi des difficultés que présente toujours l’administration d’un grand pays, l’on dépenseroit un capital énorme en peu d’années, et que l’on alimenteroit par la disposition de ce capital, des révolutions nouvelles. En effet, sans une ressource d’argent aussi immense, ni les troubles intérieurs, ni la guerre au dehors n’auroient eu lieu si facilement. Plusieurs des députés qui engageoient l’assemblée constituante à cette énorme émission de papier-monnoie n’en prévoyoient point assurément les suites funestes ; mais ils aimoient le pouvoir