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CONSIDÉRATIONS

que la jouissance d’un tel trésor alloit leur donner.

M. Necker s’opposa fortement à l’établissement des assignats ; d’abord, comme nous l’avons déjà rappelé, il n’approuvoit pas la confiscation de tous les biens ecclésiastiques, et il en auroit toujours excepté, selon sa manière de voir, les archevêchés, les évêchés, et surtout les presbytères ; car les curés n’ont jamais été assez payés en France, bien qu’ils soient, entre les prêtres, la classe la plus utile. Les suites d’un papier-monnaie, sa dépréciation graduelle, et les spéculations immorales auxquelles cette dépréciation donnoit lieu, étoient développées, dans le mémoire de M. Necker, avec une force que l’événement n’a que trop confirmée. Les loteries, contre lesquelles, avec raison, plusieurs membres de l’assemblée constituante se prononcèrent, et M. l’évêque d’Autun en particulier, ne sont qu’un simple jeu de hasard ; tandis que le gain qui résulte de la variation continuelle du papier-monnaie, se fonde presque entièrement sur l’art de tromper, à chaque instant du jour, soit relativement au change, soit relativement à la valeur des marchandises, et les gens du peuple, transformés en agioteurs, se dégoûtent du travail par un