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SUR LA RÉVOLUTION FRANÇOISE

contre l’anarchie. Chacun sait par cœur les belles paroles de Henri IV à l’ouverture de l’assemblée. La conduite du roi fut d’accord avec son langage : il se soumit aux demandes de l’assemblée, bien qu’elles fussent assez impérieuses, parce qu’il avait promis d’obtempérer aux désirs des délégués du peuple. Enfin, le même respect pour la publication de la vérité qu’avoit montré Louis XII, se trouve dans les discours que Henri IV tint à son historien Matthieu contre la flatterie.

À l’époque où vivoit Henri IV, les esprits n’étoient tournés que vers la liberté religieuse ; il crut l’assurer par l’édit de Nantes : mais, comme il en étoit seul l’auteur, un autre roi put défaire son ouvrage. Chose étonnante ! Grotius prédit sous Louis XIII, dans un de ses écrits, que l’édit de Nantes étant une concession et non pas un pacte réciproque, un des successeurs de Henri IV pourroit changer ce qu’il avoit établi. Si ce grand monarque avoit vécu de nos jours, il n’auroit pas voulu que le bien qu’il faisoit à la France fût précaire comme sa vie, et il auroit donné des garanties politiques à cette même tolérance, dont, après sa mort, la France fut cruellement privée.

Henri IV, peu de temps avant de mourir,