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Page:De Staël – La Révolution française, Tome I.djvu/420

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CONSIDÉRATIONS

chante ; C’étoit la première fois en France qu’un homme célèbre par ses écrits et par son éloquence recevoit des honneurs qu’on n’accordoit jadis qu’aux grands seigneurs, ou aux guerriers. Le lendemain de sa mort, personne, dans l’assemblée constituante, ne regardoit sans tristesse la place où Mirabeau avoit coutume de s’asseoir. Le grand chêne étoit tombé, le reste ne se distinguoit plus.

Je me reproche d’exprimer ainsi des regrets pour un caractère peu digne d’estime ; mais tant d’esprit est si rare, et il est malheureusement si probable qu’on ne verra rien de pareil dans le cours de sa vie, qu’on ne peut s’empêcher de soupirer, lorsque la mort ferme ses portes d’airain sur un homme naguère si éloquent, si animé, enfin si fortement en possession de la vie.