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SUR LA RÉVOLUTION FRANÇOISE

CHAPITRE XXI.

Départ du roi, le 21 juin 1791.

LOUIS XVI auroit accepté de bonne foi la constitution angloise, si elle lui avoit été présentée réellement, et avec le respect qu’on doit au chef de l’état ; mais l’on blessa toutes ses affections, surtout par trois décrets qui étoient plutôt nuisibles qu’utiles à la cause de la nation. On abolit droit de faire grâce, ce droit qui doit exister dans toute société civilisée, et qui ne peut appartenir qu’à la couronne dans une monarchie ; on exigea des prêtres un serment a la constitution civile du clergé, sous peine de la perte de leurs appointemens ; et l’on voulut ôter la régence à la reine.

Le plus grand tort peut-être de l’assemblée constituante fut, comme nous l’avons déjà dit, de vouloir créer un clergé dans sa dépendance, ainsi que l’ont fait plusieurs souverains absolus. Elle s’écarta, dans ce but, du système parfait de raison sur lequel elle devoit s’appuyer. Elle provoqua la conscience et l’honneur des ecclésiastiques à résister. Or, les amis de la liberté