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SUR LA RÉVOLUTION FRANÇOISE

Dès que l’on sut dans l’assemblée que la famille royale avoit été arrêtée à Varennes, on y envoya des commissaires, parmi lesquels étoient Péthion et Barnave. Péthion, homme sans lumières et sans élévation d’âme, vit le malheur des plus touchantes victimes sans en être ému ; Barnave sentit une respectueuse pitié pour le sort de la reine en particulier ; et, dès cet instant, lui, Duport, Lameth, Regnault de Saint-Jean d’Angely, Chapelier, Thouret, etc., réunirent tous leurs moyens à ceux de M. de la Fayette, pour relever la monarchie renversée.

Le roi et sa famille firent, à leur retour de Varennes, leur entrée funèbre dans Paris ; les habits de la reine et ceux du roi étoient couverts de poussière ; les deux enfans de la race royale regardoient avec étonnement ce peuple entier qui se montroit en maître devant ses maîtres abattus. Madame Elisabeth paroissoit au milieu de cette illustre famille, comme un être déjà sanctifié, qui n’a plus rien de commun avec la terre. Trois gardes du corps, placés sur le siège de la voiture, se voyoient exposés, à chaque instant, au risque d’être massacrés, et des députés de l’assemblée constituante se