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SUR LA RÉVOLUTION FRANÇOISE

CHAPITRE XXII.

Révision de la constitution.

L’ASSEMBLÉE se vit forcée, par le mouvement populaire, à déclarer que le roi seroit tenu prisonnier dans le château des Tuileries, jusqu’à ce qu’on eut présenté la constitution à son acceptation. M. de la Fayette, comme chef de la garde nationale eut le malheur d’être condamné à l’exécution de ce décret. Mais si d’une part il plaçoit des sentinelles aux portes du palais du roi, de l’autre il s’opposoit avec une énergie consciencieuse au parti qui vouloit faire prononcer sa déchéance. Il employa contre ceux qui la demandoient la force armée dans le Champ-de-Mars, et il prouva du moins ainsi que ce n’étoit point par des vues ambitieuses qu’il s’exposoit à déplaire au monarque puisqu’en même temps il provoquoit la haine des ennemisdu trône. Il me semble que la seule manière de juger avec équité le caractère d’un homme, c’est d’examiner s’il n’y a point de calcul personnel dans sa conduite : s’il n’y en a point, l’on peut blâmer sa manière de voir,