Page:De Staël – La Révolution française, Tome I.djvu/439

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
425
SUR LA RÉVOLUTION FRANÇOISE

mander aux grands seigneurs de placer leurs fils dans les antichambres de la cour.

Dans les gouvernemens libres, le peuple doit se rallier à la première classe, en y prenant ses représentans ; et la première classe doit chercher à plaire au peuple par des talens et des vertus. Ce double lien n’a presque plus de force, quand l’acte de choisir passe à travers deux degrés. On détruit ainsi la vie pour se préserver du trouble ; il vaut bien mieux, comme en Angleterre, balancer sagement l’élément démocratique par l’élément aristocratique, mais laisser à tous les deux leur indépendance naturelle.

M. Necker a proposé, dans son dernier ouvrage[1] une manière nouvelle d’établir les deux degrés d’élection ; il pense que ce devroit être au collège électoral à donner la liste d’un certain nombre de candidats, entre lesquels les assemblées primaires pourroient choisir. Les motifs de cette institution sont développés d’une manière ingénieuse dans le livre de M. Necker. Mais ce qui est évident, c’est qu’il a cru toujours nécessaire que le peuple exerçât pleinement son droit et son jugement, et

  1. Dernières vues de politique et de finance.