Page:De Staël – La Révolution française, Tome I.djvu/440

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que les hommes distingués eussent un constant intérêt à captiver son suffrage.

Les réviseurs de la constitution, en 1791, étoient accusés sans cesse, par les jacobins, d’être partisans du despotisme, lors même qu’ils en étoient réduits à chercher des détours pour parler du pouvoir exécutif, comme si le nom d’un roi ne pouvoit se prononcer dans une monarchie. Néanmoins, les constituans seroient peut-être encore parvenus à sauver la France, s’ils eussent été membres de l’assemblée suivante. Les députés les plus éclairés sentoient ce qui manquoit à la constitution qu’on venoit de terminer à coups d’événements, et ils auroient tâché de l’amender en l’interprétant. Mais le parti de la médiocrité, qui compte tant de soldats dans tous les rangs, ce parti qui hait les talens, comme les amis de la liberté haïssent les despotes, parvint à faire interdire par un décret, aux députés de l’assemblée constituante, la possibilité d’être réélus. Les aristocrates et les jacobins, qui avoient joué un rôle très-inférieur pendant la session, ne se flattoient pas d’être nommés une seconde fois ; ils trouvoient donc du plaisir à empêcher ceux qui étoient assurés du suffrage de leurs concitoyens, d’occuper des places dans l’assemblée