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Page:De Staël – La Révolution française, Tome I.djvu/46

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CONSIDÉRATIONS

de la Fronde. Le parlement demanda qu’aucun François ne pût être mis en prison sans être traduit devant ses juges naturels. On voulut mettre aussi des bornes au pouvoir ministériel, et quelque liberté auroit pu s’établir par haine contre Mazarin. Mais bientôt Louis XIV développa les mœurs des cours dans toute leur dangereuse splendeur ; il flatta la fierté françoise par le succès de ses armées à la guerre, et sa gravité toute espagnole éloigna de lui la familiarité des jugemens ; mais il fit descendre les nobles encore plus bas que sous le règne précédent. Car, au moins Richelieu les persécutoit, ce qui leur donnoit toujours quelque considération, tandis que sous Louis XIV ils ne pouvoient se distinguer du reste de la nation qu’en portant de plus près le joug du même maître

Le roi qui a pensé que les propriétés de ses sujets lui appartenoient, et qui s’est permis tous les genres d’actes arbitraires ; enfin, le roi (ose-t-on le dire, et peut-on l’oublier !) qui vint, le fouet à la main, interdire comme une offense le dernier reste de l’ombre d’un droit, les remontrances du parlement, ne respectoit que lui-même, et n’a jamais pu concevoir ce que c’étoit qu’une nation. Tous les torts qu’on a