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Page:De Staël – La Révolution française, Tome I.djvu/45

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SUR LA RÉVOLUTION FRANÇOISE

Le cardinal de Richelieu, en appelant les grands à Paris, les priva de leur considération dans les provinces, et créa cette influence de la capitale sur le reste de la France, qui n’a jamais cessé depuis cet instant. Une cour a nécessairement beaucoup d’ascendant sur la ville qu’elle habite, et il est commode de gouverner l’empire à l’aide d’une très-petite réunion d’hommes ; je dis commode pour le despotisme.

On prétend que Richelieu a préparé les merveilles du siècle de Louis XIV, qu’on a souvent mis en parallèle avec ceux de Périclès et d’Auguste. Mais des époques analogues à ces siècles brillans se trouvent chez plusieurs nations sous diverses formes, au moment où la littérature et les beaux-arts apparoissent pour la première fois, après de longs troubles civils ou des guerres prolongées. Les grandes phases de l’esprit humain sont bien plutôt l’œuvre des temps que l’œuvre d’un homme ; car elles se ressemblent toutes entre elles, quelque différens que soient les caractères des principaux chefs contemporains.

Après Richelieu, sous la minorité de Louis XIV, quelques idées politiques un peu sérieuses se mêlèrent à la frivolité de l’esprit