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CONSIDÉRATIONS

les fenêtres d’un bâtiment ; et, pendant soixante-huit années de règne, Louis XIV, bien qu’il n’eût aucun talent comme général, a pourtant fait cinquante-six ans la guerre. Le Palatinat a été ravagé ; des exécutions atroces ont eu lieu dans la Bretagne. Le bannissement de deux cent mille François protestans, les dragonnades et la guerre des Cévennes, n’égalent pas encore les horreurs réfléchies qui se trouvent dans les différentes ordonnances rendues après la révocation de l’édit de Nantes, en 1685. Le code lancé alors contre les religionnaires peut tout-à-fait se comparer aux lois de la convention contre les émigrés, et porte les mêmes caractères. L’état civil leur étoit refusé, c’est-à-dire que leurs enfans n’étoient pas considérés comme légitimes, jusqu’en 1787, que l’assemblée des notables a provoqué la justice de Louis XVI à cet égard. Non-seulement leurs biens étoient confisqués, mais ils étoient attribués à ceux qui les dénonçoient ; leurs enfans leur étoient pris de force, pour être élevés dans la religion catholique. Les ministres du culte, et ce qu’on appeloit les relaps, étoient condamnés aux galères ou à la mort ; et, comme enfin on avoit déclaré qu’il n’y avoit plus de protestans en France, on considéroit tous ceux qui l’étoient comme re-