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SUR LA RÉVOLUTION FRANÇOISE

mencé les premiers, et avec courage et raison, l’attaque contre le pouvoir royal ; et quelle résistance ce pouvoir pouvoit-il leur opposer, puisque la nation étoit alors avec eux ? Doivent-ils se plaindre d’avoir été les plus forts contre le roi, et les plus foibles contre le peuple ? Cela devoit être ainsi.

Les dernières années de Louis XV, on ne sauroit trop le répéter, avoient déconsidéré le gouvernement ; et, à moins qu’un roi militaire n’eût dirigé l’imagination des François vers les conquêtes, rien ne pouvoit détourner les différentes classes de l’état des réclamations importantes que toutes se croyoient en droit de faire valoir. Les nobles étoient fatigués de n’être que courtisans ; le haut clergé désiroit plus d’influence encore dans les affaires ; les parlemens avoient trop et trop peu de force politique pour se contenter de n’être que juges ; et la nation, qui renfermoit les écrivains, les capitalistes, les négocians, un grand nombre de propriétaires, et une foule d’individus employés dans l’administration ; la nation comparoit impatiemment le gouvernement d’Angleterre, où le talent conduisoit à tout, avec celui de France, où l’on n’étoit rien que par la faveur ou par la naissance. Ainsi donc, toutes