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Page:De Staël – La Révolution française, Tome I.djvu/66

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CONSIDÉRATIONS

qu’elle faisoit taire, quand on le vouloit, les résistances du parlement par un lit de justice. Le gouvernement de France a été constamment arbitraire, et, de temps en temps, despote ; mais il étoit sage de ménager l’emploi de ce despotisme, comme toute autre ressource : car tout annonçoit que bientôt elle seroit épuisée.

Les impôts, et le crédit, qui vaut en un jour une année d’impôts, étoient devenus tellement nécessaires à la France, que l’on redoutoit avant tout des obstacles à cet égard. Souvent, en Angleterre, les communes unissent, d’une façon inséparable, un bill relatif aux droits de la nation avec un bill de consentement aux subsides. Les corporations judiciaires, en France, ont essayé quelque chose de semblable : quand on leur demandoit l’enregistrement de nouveaux tributs, bien que cet enregistrement pût leur être enjoint, elles accompagnoient leur acquiescement, ou leur refus, de remontrances sur l’administration, appuyées par l’opinion publique. Cette nouvelle puissance acquéroit chaque jour plus de force, et la nation s’affranchissoit, pour ainsi dire, par elle-même. Tant que les classes privilégiées avoient seules une grande existence, on pou-