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SUR LA RÉVOLUTION FRANÇOISE

voit gouverner l’état comme une cour, en maniant habilement les passions ou les intérêts de quelques individus ; mais, lorsqu’une fois la seconde classe de la société, la plus nombreuse et la plus agissante de toutes, avoit senti son importance, la connoissance et l’adoption d’un plus grand système de conduite, devenoient indispensables.

Depuis que la guerre ne se fait plus avec les soldats conduits par les grands vassaux, et que les rois de France ont besoin d’impôts pour payer une armée, le désordre des finances a toujours été la source des troubles du royaume. Le parlement de Paris, vers la fin du règne de Louis XV, commençoit à faire entendre qu’il n’avoit pas le droit d’accorder les subsides, et la nation approuvoit toujours sa résistance à cet égard ; mais tout rentroit dans le repos et l’obéissance dont le peuple françois avoit depuis si long-temps l’habitude, quand le gouvernement marchoit sur ses roulettes accoutumées, sans rien demander à aucune corporation qui pût se croire indépendante du trône. Il étoit donc clair que, dans les circonstances d’alors, le plus grand danger pour le pouvoir du roi étoit de manquer d’argent ; et c’est d’après cette conviction que M. de Maurepas proposa de