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Page:De Staël – La Révolution française, Tome I.djvu/83

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roit mettre en doute qu’un père de famille peut, s’il veut régler sa dépense, s’assurer une grande augmentation de capital en plaçant une partie de ce qu’il possède, un intérêt très-haut, et en épargnant chaque année une portion de cet intérêt. Au reste, on est honteux de répéter des vérités si généralement répandues parmi tous les financiers de l’Europe. Mais, quand, en France les ignorans des salons ont attrapé sur un sujet sérieux une phrase quelconque dont la rédaction est à la portée de tout le monde, ils s’en vont la redisant à tout propos ; et ce rempart de sottise est très-difficile à renverser,

Faut-il répondre aussi à ceux qui accusent M. Necker de n’avoir pas changé le système des impôts, et supprimé les gabelles, en soumettant les pays d’états qui en étoient exemptes, à une contribution sur le sel ? Il ne fallait pas moins que la révolution pour détruire les priviléges particuliers des provinces. Le ministre qui auroit osé les attaquer n’auroit produit, qu’une résistance nuisible à l’autorité du roi, sans obtenir aucun résultat utile. Les privilégiés étoient tout-puissans en France, il y a quarante ans, et l’intérêt seul de la nation étoit sans force. Le gouvernement et le peuple, qui