Aller au contenu

Page:De Staël – La Révolution française, Tome I.djvu/84

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sont pourtant deux parties essentielles de l’état, ne pouvoient rien contre telle ou telle province, tel ou tel corps ; et des droits bigarrés, héritages des événemens passés, empêchoient le roi même de rien faire pour le bien général.

M. Necker, dans son ouvrage sur l’administration des finances, a montré tous les inconvéniens du système inégal d’impôts qui régnoit en France ; mais c’est une preuve de plus de sa sagesse, que de n’avoir entrepris à cet égard aucun changement pendant son premier ministère. Les ressources qu’exigeoit la guerre ne permettoient de s’exposer à aucune lutte intérieure ; car, pour innover en matière de finances, il falloit, être en paix, afin de pouvoir captiver le peuple, en diminuant la masse des impôts, alors qu’on en auroit changé la nature.

Si les uns ont blâmé M. Necker d’avoir laissé, subsister l’ancien système des impôts, d’autres l’ont accusé d’avoir montré trop de hardiesse, en imprimant le Compte rendu au roi sur la situation de ses finances. M. Necker étoit, comme je l’ai dit, dans des circonstances à peu près semblables à celles du chancelier de l’Hôpital. Il n’a pas fait un pas dans la carrière politique sans que les novateurs lui reprochassent sa pru-