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Page:De Staël – La Révolution française, Tome I.djvu/86

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qu’ils éprouvoient de voir le jour entrer dans les dépenses qui les concernoient ; car la publicité de l’état des finances avoit aussi un avantage important, celui d’assurer au ministre l’appui de l’opinion publique, dans les divers retranchemens qu’il étoit nécessaire d’effectuer. L’économie offroit de grands moyens en France à l’homme courageux qui, comme M. Necker, vouloit y avoir recours. Le roi, quoiqu’il n’eût point de luxe pour lui-même, étoit d’une telle bonté, qu’il ne savoit rien refuser à ceux qui l’entouroient ; et les grâces de tout genre excédoient sous son règne, quelque austère que fût sa conduite, les dépenses mêmes de Louis XV. M. Necker devoit considérer comme son premier devoir, et comme la principale ressource de l’état, la diminution des grâces ; il se faisoit ainsi beaucoup d’ennemis à la cour et parmi les employés des finances ; mais il remplissoit son devoir : car le peuple alors étoit réduit, par les impôts, à une détresse dont personne ne s’occupoit, et que M. Necker a proclamée et soulagée le premier. Souffrir pour ceux qu’on ne connoissoit pas, et refuser à ceux que l’on connoissoit, étoit un effort pénible, mais dont la conscience faisoit une loi à celui qui l’a toujours prise pour guide.