Page:De Staël – La Révolution française, Tome I.djvu/85

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dence, et les partisans de tous les anciens abus sa témérité. Aussi l’étude de ses deux ministères est-elle peut-être la plus utile que puisse faire un homme d’état. On y verra la route de la raison tracée entre les factions contraires, et des efforts toujours renaissans pour amener une transaction sage entre les vieux intérêts et les nouvelles idées.

La publicité du Compte rendu avoit pour but de suppléer en quelque manière aux débats de la chambre des communes d’Angleterre, en faisant connoître à tous le véritable état des finances. C’étoit porter, disoit-on, atteinte à l’autorité du roi, que d’informer la nation de l’état des affaires. Si l’on n’avoit eu rien à demander à cette nation, on auroit pu lui cacher la situation du trésor royal ; mais le mouvement des esprits ne permettoit pas qu’on pût exiger la continuation de taxes très-onéreuses, sans montrer au moins l’usage qu’on en avoit fait, ou qu’on en vouloit faire, Les courtisans crioient contre les mesures de publicité en finances, les seules propres à fonder le crédit ; et néanmoins ils sollicitoient avec une égale véhémence, pour eux et les leurs, tout l’argent que ce crédit même pouvoit à peine fournir. Cette inconséquence s’explique toutefois par la juste crainte