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Page:De Staël – La Révolution française, Tome I.djvu/92

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CONSIDÉRATIONS

s’ils avoient eu ce droit réellement. Ils ne refusoient pas l’argent qu’on leur demandoit ; mais ils appeloient leurs contributions un don gratuit ; en tout, leur administration valoit bien mieux que celles des autres provinces, dont le nombre étoit pourtant beaucoup plus grand, et qui ne méritaient pas moins l’intérêt du gouvernement.

Des intendans étoient nommés par le roi pour gouverner les trente-deux généralités du royaume : ils ne rencontroient d’obstacles que dans les pays d’états, et quelquefois de la part de l’un des douze parlemens de province (le parlement de Paris étoit le treizième) ; mais, dans la plupart des généralités conduites par un intendant, cet agent du pouvoir disposoit à lui seul des intérêts de toute une province. Il avoit sous ses ordres une armée d’employés du fisc, détestés des gens du peuple. Ces employés les tourmentoient un à un pour en arracher des impôts disproportionnés à leurs moyens ; et, lorsque l’on écrivoit au ministre des finances, pour se plaindre des vexations de l’intendant, ou du subdélégué, c’étoit à cet intendant même que le ministre renvoyoit les plaintes, puisque l’autorité suprême ne communiquoit que par eux avec les provinces.