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Page:De Staël – La Révolution française, Tome I.djvu/94

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CONSIDÉRATIONS

tions provinciales devoit diminuer l’ascendant de la capitale sur tous les points du royaume ; car les grands propriétaires, intéressés par les affaires dont ils se seroient mêlés chez eux, auroient eu un motif pour quitter Paris, et vivre dans leurs terres. Les grands d’Espagne ne peuvent pas s’éloigner de Madrid sans la permission du roi : c’est un puissant moyen de despotisme, et par conséquent de dégradation, que de changer les nobles en courtisans. Les assemblées provinciales devoient rendre aux grands seigneurs de France une consistance politique. Les dissensions qu’on a vues tout à coup éclater entre les classes privilégiées et la nation, n’auroient peut-être pas existé ; si, depuis long-temps, les trois ordres se fussent rapprochés, en discutant en commun les affaires d’une même province.

M. Necker composa les administrations provinciales instituées sous son ministère, comme l’ont été depuis les états généraux, d’un quart de nobles, un quart du clergé, et moitié du tiers-état, divisé en députés des villes et en députés des campagnes. Ils délibéroient ensemble, et déjà l’harmonie s’établissait tellement entre eux, que les deux premiers ordres avoient parlé de renoncer volontairement à leurs pri-