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SUR LA RÉVOLUTION FRANÇAISE

CHAPITRE XXIII.

De l’armée d’Italie.

LES deux grandes armées de la république, celles du Rhin et de l’Italie, furent presque constamment victorieuses jusqu’au traité de Campo-Formio, qui suspendit pendant quelques instans la longue guerre continentale. L’armée du Rhin, dont le général Moreau étoit le chef, avoit conservé toute la simplicité républicaine ; l’armée d’Italie, commandée par le général Bonaparte, éblouissoit par ses conquêtes, mais elle s’écartoit chaque jour davantage de l’esprit patriotique qui avoit animé jusqu’alors les armées françoises. L’intérêt personnel prenoit la place de l’amour de la patrie, et l’attachement à un homme l’emportoit sur le dévouement à la liberté. Bientôt aussi les généraux de l’armée d’Italie commencèrent à s’enrichir, ce qui diminua d’autant leur enthousiasme pour les principes austères sans lesquels un état libre ne sauroit subsister.

Le général Bernadotte, dont j’aurai l’occasion de parler dans la suite, vint, à la tête d’une division de l’armée du Rhin, se joindre à l’armée