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CONSIDÉRATIONS

d’Italie. Il y avoit une sorte de contraste entre la noble pauvreté des uns et la richesse irrégulière des autres ; ils ne se ressembloient que par la bravoure. L’armée d’Italie étoit celle de Bonaparte, l’armée du Rhin celle de la république françoise. Toutefois rien ne fut si brillant que la conquête rapide de l’Italie. Sans doute, le désir qu’ont eu de tout temps les Italiens éclairés de se réunir en un seul état, et d’avoir assez de force nationale pour ne plus rien craindre ni rien espérer des étrangers, contribua beaucoup à favoriser les progrès du général Bonaparte. C’est au cri de vive l’Italie qu’il a passé le pont de Lodi, et c’est à l’espoir de l’indépendance qu’il dut l’accueil des Italiens. Mais les victoires qui soumettoient à la France des pays au delà de ses limites naturelles, loin de favoriser sa liberté, l’exposoient au danger du gouvernement militaire.

On parloit déjà beaucoup à Paris du général Bonaparte ; la supériorité de son esprit en affaires, jointe à l’éclat de ses talens comme général, donnoit à son nom une importance que jamais un individu quelconque n’avoit acquise depuis le commencement de la révolution. Mais, bien qu’il parlât sans cesse de la république dans ses proclamations, les hommes attentifs s’aper-