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CONSIDÉRATIONS

CHAPITRE XXV.

Anecdotes particulières.

IL en coûte de parler de soi, dans une époque surtout où les récits les plus importans commandent seuls l’attention des lecteurs. Néanmoins je ne puis me refuser à repousser une inculpation qui me blesse. Les journaux chargés, en 1797, d’insulter tous les amis de la liberté, ont prétendu que, voulant la république, j’approuvois la journée du 18 fructidor. Je n’aurois, sûrement pas conseillé, si j’y avois été appelée, d’établir une république en France ; mais, une fois qu’elle existoit, je n’étois pas d’avis qu’on dût la renverser. Le gouvernement républicain, considéré abstraitement et sans application à un grand état, mérite le respect qu’il a de tout temps inspiré ; et la révolution du 18 fructidor, au contraire, doit toujours faire horreur, et par les principes tyranniques dont elle partoit, et par les suites affreuses qui en ont été la conséquence nécessaire. Parmi les individus dont le directoire étoit composé, je ne connoissois que Barras ; et, loin d’avoir