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SUR LA RÉVOLUTION FRANÇAISE

La dette publique fut réduite de deux tiers, et l’on appela cette opération, la mobiliser ; tant les François sont habiles à trouver des mots qui semblent doux pour les actions les plus dures ! Les prêtres et les nobles furent proscrits de nouveau avec une impitoyable barbarie. On abolit la liberté de la presse, car elle est inconciliable avec l’exercice du pouvoir arbitraire. L’invasion de la Suisse, le projet insensé d’une descente en Angleterre, éloignèrent tout espoir de paix avec l’Europe. On évoqua l’esprit révolutionnaire, mais il reparut sans l’enthousiasme qui l’avoit jadis animé ; et, comme l’autorité civile ne s’appuyoit point sur la justice, sur la magnanimité, enfin, sur aucune des grandes qualités qui doivent la caractériser, l’ardeur patriotique se tourna vers la gloire militaire, qui du moins alors pouvoit satisfaire l’imagination.