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SUR LA RÉVOLUTION FRANÇAISE

CHAPITRE XXIX.

De la fin du directoire.

APRÈS le coup funeste que la force militaire avoit porté, le 18 fructidor, à la considération des représentans du peuple, le directoire se maintint encore, comme on vient de le voir, pendant près de deux années, sans aucun changement extérieur dans son organisation. Mais le principe de vie qui l’avoit animé n’existoit plus ; et l’on auroit pu dire de lui comme du géant dans l’Arioste, qu’il combattoit encore, oubliant qu’il étoit mort. Les élections, les délibérations des conseils, ne présentoient aucun intérêt, puisque les résultats en étoient toujours connus d’avance. Les persécutions qu’on faisoit subir aux nobles et aux prêtres n’étoient plus même provoquées par la haine populaire ; la guerre n’avoit plus d’objet, puisque l’indépendance de la France et la limite du Rhin étoient assurées. Mais loin de rattacher l’Europe à la France, les directeurs commençoient déjà l’œuvre funeste que Napoléon a si cruellement terminée : ils inspiroient aux nations autant