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SUR LA RÉVOLUTION FRANÇAISE

CHAPITRE VI.

De l’inauguration du concordat à Notre-Dame.

À L’ÉPOQUE de l’avènement de Bonaparte, les partisans les plus sincères du catholicisme, après avoir été si long-temps victimes de l’inquisition politique, n’aspiroient qu’à une parfaite liberté religieuse. Le vœu général de la nation se bornoit à ce que toute persécution cessât désormais à l’égard des prêtres, et qu’on n’exigeât plus d’eux aucun genre de serment ; enfin, que l’autorité ne se mêlât en rien des opinions religieuses de personne. Ainsi donc, le gouvernement consulaire eût contenté l’opinion, en maintenant en France la tolérance absolue, telle qu’elle existe en Amérique, chez un peuple dont la piété constante et les mœurs sévères qui en sont la preuve ne sauroient être mises en doute. Mais le premier consul ne s’occupoit point de ces saintes pensées ; il savoit que, si le clergé reprenoit une consistance politique, son influence ne pouvoit seconder que les intérêts du despotisme ; et, ce qu’il vou-