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CONSIDÉRATIONS

loit, c’étoit préparer les voies pour son arrivée au trône.

Il lui falloit un clergé comme des chambellans, comme des titres, comme des décorations, enfin, comme toutes les anciennes cariatides du pouvoir ; et lui seul étoit en mesure de les relever. L’on s’est plaint du retour des vieilles institutions, et l’on ne devroit pas oublier que Bonaparte en est la véritable cause. C’est lui qui a recomposé le clergé, pour le faire servir à ses desseins. Les révolutionnaires, qui étoient encore redoutables il y a quatorze ans, n’auroient jamais souffert que l’on redonnât ainsi une existence politique aux prêtres, si un homme qu’ils considéroient, à quelques égards, comme l’un d’entre eux, en leur présentant un concordat avec le pape, ne leur eut pas assuré que c’étoit une mesure très-profondément combinée, et qui serviroit au maintien des institutions nouvelles. Les révolutionnaires, à quelques exceptions près, sont plus violens que rusés, et par cela même on les flatte, quand on les traite en hommes habiles.

Bonaparte, assurément, n’est pas religieux, et l’espèce de superstition dont on a pu découvrir quelques traces dans son caractère, tient uniquement au culte de lui-même. Il croit à sa