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CONSIDÉRATIONS

nion est contraire à ce que nous avons entendu répéter après l’élection de Bonaparte. Voilà la France, disoit-on, qui va se reprendre au gouvernement d’un seul, c’est un point de gagné pour la monarchie. Mais que signifient de telles paroles ? rien du tout ; car nous ne voulons pas parler indifféremment de la monarchie élective ou héréditaire, despotique ou tempérée, mais uniquement de la monarchie héréditaire et tempérée ; et sans doute que le gouvernement d’un prince de l’Asie, le premier qu’on voudra nommer, est plus distinct de la monarchie d’Angleterre que la république américaine.

« Il est un moyen étranger aux idées républicaines, étranger aux principes de la monarchie tempérée, et dont on peut se servir pour fonder et pour soutenir un gouvernement héréditaire. C’est le même qui introduisit, qui perpétua l’empire dans les grandes familles de Rome, les Jules, les Claudiens, les Flaviens, et qui servit ensuite à renverser leur autorité. C’est la force militaire, les prétoriens, les armées de l’Orient et de l’Occident. Dieu garde la France d’une semblable destinée ! »

Quelle prophétie ! Si je suis revenue plu-