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CONSIDÉRATIONS

bien qu’ils les portassent, mais dont ils touchoient très-facilement les revenus dans toutes les langues ? Pourquoi l’Allemagne se seroit-elle soumise à l’influence françoise ? Cette influence ne lui apportoit aucune lumière nouvelle, et n’établissoit chez elle d’autres institutions libérales que des contributions et des conscriptions, encore plus fortes que toutes celles qu’avoient jamais imposées ses anciens maîtres. Il y avoit sans doute beaucoup de changemens raisonnables à faire dans les constitutions de l’Allemagne ; tous les hommes éclairés le savaient, et pendant long-temps aussi ils s’étoient montrés favorables à la cause de la France, parce qu’ils en espéroient l’amélioration de leur sort. Mais, sans parler de la juste indignation que tout peuple doit ressentir à l’aspect des soldats étrangers sur son territoire, Bonaparte ne faisoit rien en Allemagne que dans le but d’y établir son pouvoir et celui de sa famille : une telle nation étoit-elle faite pour servir de piédestal à son égoïsme ? L’Espagne aussi devoit repousser avec horreur les perfides moyens que Bonaparte employa pour l’asservir. Qu’offroit-il donc aux empires qu’il vouloit subjuguer ? Étoit-ce de la liberté ? étoit-ce de la force ? étoit-ce de la richesse ? Non ; c’étoit lui, tou-