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SUR LA RÉVOLUTION FRANÇAISE

reau et ses coaccusés en ont été privés ; mais ils eurent heureusement affaire à des juges qui respectoient leur conscience. Ces juges n’ont pu cependant prévenir les iniquités qui se commirent dans cette horrible procédure, et la torture fut introduite de nouveau dans le dix-neuvième siècle, par un chef national dont le pouvoir devoit émaner de l’opinion.

Il étoit difficile de distinguer la législation de l’administration sous le règne de Napoléon, car l’une et l’autre dépendoient également de l’autorité suprême. Cependant nous ferons une observation principale sur ce sujet. Toutes les fois que les améliorations possibles dans les diverses branches du gouvernement ne portoient en rien atteinte au pouvoir de Bonaparte, et que ces améliorations, au contraire, contribuoient à ses plans et à sa gloire, il faisoit, pour les accompiir, un usage habile des immenses ressources que lui donnoit la domination de presque toute l’Europe ; et, comme il possédoit un grand tact pour connaître parmi les hommes ceux qui pouvoient lui servir d’instrumens, il employoit presque toujours des têtes très-propres aux affaires dont il les chargeoit. L’on doit au gouvernement impérial les musées des arts et les embellissemens de Paris, des