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SUR LA RÉVOLUTION FRANÇAISE

CHAPITRE VII.

Anniversaire du 14 juillet, célébré en 1792.

DES adresses de toutes les parties de la France, alors sincères, puisqu’il y avoit du danger à les signer, exprimoient le vœu de la grande majorité des citoyens en faveur du maintien de la constitution. Quelque imparfaite qu’elle fût, c’étoit une monarchie limitée ; et tel a toujours été le vœu des François : les factieux ou les soldats ont pu seuls empêcher qu’il ne prévalût. Si les Chefs du parti populaire avoient pu croire que la nation désirât véritablement la république, ils n’auroient pas eu besoin des moyens les plus injustes pour l’établir. On n’a point recours au despotisme, quand on a pour soi l’opinion ; et quel despotisme, juste ciel ! que celui qu’on voyoit sortir alors des classes de la société les plus grossières, comme les vapeurs s’élèvent des marais pestilentiels ! Marat, dont la postérité se souviendra peut-être, afin de rattacher à un homme les crimes d’une époque, Marat se servoit chaque jour de son journal, pour menacer des plus affreux supplices la fa-