Page:De Staël – La Révolution française, Tome II.djvu/95

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
88
CONSIDÉRATIONS

qui pût encore honorer la France, s’il eût été adopté ; c’étoit d’offrir au roi l’asile de l’Amérique. Les Américains sont reconnaissans envers lui, disoit Payne, parce qu’il a favorisé leur indépendance. À ne considérer cette résolution que sous le point de vue républicain, c’étoit la seule qui pût affaiblir alors en France l’intérêt pour la royauté. Louis XVI n’avoit pas les talens qu’il faut pour reconquérir à main armée une couronne, et une situation qui n’auroit point excité la pitié n’eût pas fait naître le dévouement. La mort que l’on donnoit au plus honnête homme de France, mais en même temps au moins redoutable, à celui qui, pour ainsi dire, ne s’étoit pas mêlé de son sort, ne pouvoit être qu’un horrible hommage que l’on rendoit encore à son ancienne grandeur. Il y auroit eu plus de républicanisme dans une résolution qui auroit montré moins de crainte et plus de justice.

Louis XVI ne refusa point, comme Charles Ier, de reconnaître le tribunal devant lequel il fut traduit, et répondit à toutes les questions qui lui furent adressées, avec une douceur inaltérable. Le président demandant à Louis XVI pourquoi il avoit rassemblé les troupes au château, le 10 août, il répondit : Le château