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CONSIDÉRATIONS

en l’écoutant ; une fois seulement il exprima par un geste son mépris et son indignation : c’est à l’article qui l’accusoit d’avoir voulu verser le sang du peuple françois. Sa conscience se révolta, lorsque tous ses autres sentimens étoient contenus. Le matin même de son exécution, le roi dit à l’un de ses serviteurs : Vous irez vers la reine ; puis, se reprenant, il répéta : Vous irez vers ma femme. Il se soumettoit dans cet instant même à la privation de son rang, qui lui avoit été imposée par ses meurtriers. Sans doute, il croyoit que la destinée, en toutes choses, exécute les desseins de Dieu sur ses créatures.

Le testament du roi fait connaître tout son caractère. La simplicité la plus touchante y règne : chaque mot est une vertu, et l’on y voit toutes les lumières qu’un esprit juste, dans de certaines bornes, et une bonté infinie peuvent inspirer. La condamnation de Louis XVI a tellement ému tous les cœurs, que la révolution, pendant plusieurs années, en a été comme maudite.