pour leur roi légitime contre un usurpateur ? Comment, sans se compromettre, répondre à cette phrase si bien faite ? Mais, après vingt-cinq ans de révolution, devoit-on se flatter qu’une idée respectable, mais abstraite, la légitimité, auroit plus d’empire sur les soldats que tous les souvenirs de leurs longues guerres ? En effet, aucun d’eux ne lutta contre l’ascendant surnaturel du génie des îles africaines ; ils appelèrent le tyran au nom de la liberté ; ils repoussèrent en son nom le monarque constitutionnel ; ils attirèrent six cent mille étrangers au sein de la France, pour effacer l’humiliation de les y avoir vus pendant quelques semaines ; et cet horrible jour du premier de mars, ce jour où Bonaparte remit le pied sur le sol de France, fut plus fécond en malheurs qu’aucune époque de l’histoire.
Je ne me livrerai point, comme on ne se l’est que trop permis, à des déclamations de tout genre contre Napoléon. Il a fait ce qu’il étoit naturel de faire, en essayant de regagner le trône qu’il avoit perdu, et son voyage de Cannes à Paris est une des plus grandes conceptions de l’audace que l’on puisse citer dans l’histoire. Mais que dire des hommes éclairés qui n’ont pas vu le malheur de la France et du