gnité du caractère. On s’aperçoit déjà, malgré les malheurs de la France, que, depuis la révolution, le mariage y est beaucoup plus respecté que sous l’ancien régime. Or, c’est sur le mariage que reposent les mœurs et la liberté. Comment, sous un gouvernement arbitraire, les femmes se seraient-elles renfermées dans la vie domestique, et n’auroient-elles pas employé tous leurs moyens de séduction pour influer sur le pouvoir ? Ce n’est assurément pas l’enthousiasme des idées générales qui les animait, mais le désir d’obtenir des places pour leurs amis ; et rien n’étoit plus naturel, dans un pays où les hommes en crédit pouvoient tout, où ils disposoient des revenus de l’état, où rien ne les arrêtoit que la volonté du roi, modifiée nécessairement par les intrigues de ceux qui l’entouroient. Comment se seroit-on fait scrupule d’employer le crédit des femmes en faveur, pour obtenir d’un ministre une exception quelconque à une règle qui n’existoit pas ? Croit-on que, sous Louis XIV, madame de Montespan, madame Dubarry sous Louis XV, aient jamais reçu un refus des ministres ? Et, sans approcher de si près du trône, quel étoit le cercle où la faveur n’agît pas comme à la cour, et où chacun n’employât pas tous les moyens possibles pour
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