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Page:De Staël – La Révolution française, Tome III.djvu/59

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CONSIDÉRATIONS

décrivent, lorsque les habitans du pays n’étoient là que pour cultiver la terre dont les guerriers de la Germanie devoient recueillir les fruits. Ô France ! ô France ! il falloit un tyran étranger pour vous réduire à cet état ; un souverain François, quel qu’il fût, vous auroit trop aimée pour jamais vous y exposer.

Je continuai ma route, le cœur toujours souffrant par la même pensée ; en approchant de Paris, les Allemands, les Russes, les Cosaques, les Baskirs, s’offrirent à mes yeux de toutes parts : ils étoient campés autour de l’église de Saint-Denis, où la cendre des rois de France repose. La discipline commandée par les chefs de ces soldats empêchoit qu’ils ne fissent aucun mal à personne, aucun mal, excepté l’oppression de l’âme, qu’il étoit impossible de ne pas ressentir. Enfin, je rentrai dans cette ville, où se sont passés les jours les plus heureux et les plus brillans de ma vie, comme si j’eusse fait un rêve pénible. Étois-je en Allemagne ou en Russie ? Avoit-on imité les rues et les places de la capitale de la France, pour en retracer les souvenirs, alors qu’elle n’existoit plus. ? Enfin, tout étoit trouble en moi ; car, malgré l’âpreté de ma peine, j’estimois les étrangers d’avoir secoué le joug. Je les admirois sans