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Page:De Staël – La Révolution française, Tome III.djvu/67

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CONSIDÉRATIONS

l’histoire d’Angleterre, rappelle les engagemens que les barons firent signer au roi Jean, en faveur de la nation et d’eux-mêmes. Or, comment les concessions de la couronne pourroient-elles devenir la loi fondamentale de l’état, si elles n’étoient que le bienfait d’un monarque ? À peine la charte constitutionnelle fut-elle lue, que le chancelier se hâta de demander aux membres des deux chambres de jurer d’y être fidèles. Qu’auroit-on dit alors de la réclamation d’un sourd qui se seroit levé pour s’excuser de prêter serment à une constitution dont il n’auroit pas entendu un seul article ? Hé bien ! ce sourd, c’étoit le peuple François ; et c’est parce que ses représentans avoient pris l’habitude d’être muets sous Bonaparte, qu’ils ne se permirent aucune objection alors. Aussi beaucoup de ceux qui, le 4 juin, jurèrent d’obéir à tout un code de lois qu’ils n’avoient pas seulement eu le temps de comprendre, ne se dégagèrent-ils que trop facilement, dix mois après, d’une promesse aussi légèrement donnée.

C’étoit un spectacle bien singulier, que la réunion, en présence du roi, des deux assemblées, le sénat et le corps législatif, qui avoient servi si long-temps Bonaparte. Les sénateurs et les députés portoient encore le même uniforme que