Page:De Staël - Corinne ou l'Italie, Tome I, 1807.djvu/104

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.


LIVRE IV.

ROME.

CHAPITRE PREMIER.


QUINZE jours se passèrent pendant lesquels lord Nelvil se consacra tout entier à la société de Corinne. Il ne sortait de chez lui que pour se rendre chez elle, il ne voyait rien, il ne cherchait rien qu’elle, et sans lui parler jamais de son sentiment, il l’en faisait jouir à tous les momens du jour. Elle était accoutumée aux hommages vifs et flatteurs des Italiens, mais la dignité des manières d’Oswald, son apparente froideur, et sa sensibilité qui se trahissait malgré lui, exerçaient sur l’imagination une bien plus grande puissance. Jamais il ne racontait une action généreuse, jamais il ne parlait d’un malheur sans que ses yeux se remplissent de larmes, et toujours il cherchait à cacher son émotion. Il inspirait à Corinne un sentiment de respect