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CORINNE OU L’ITALIE

moignages de bienveillance qu’une Italienne croit pouvoir donner, sans rien perdre à ses yeux, ni aux vôtres. »

« Corinne. »

En vain Oswald aurait voulu se le cacher, il fut vivement heureux en recevant cette lettre ; il entrevit un avenir confus de jouissances et de bonheur ; l’imagination, l’amour, l’enthousiasme, tout ce qu’il y a de divin dans l’ame de l’homme, lui parut réuni dans le projet enchanteur de voir Rome avec Corinne. Cette fois il ne réfléchit pas, cette fois il sortit à l’instant même pour aller voir Corinne, et, dans la route, il regarda le ciel, il sentit le beau temps, il porta la vie légèrement. Ses regrets et ses craintes se perdirent dans les nuages de l’espérance ; son cœur, depuis long-temps opprimé par la tristesse, battait et tressaillait de joie ; il craignait bien qu’une si heureuse disposition ne put durer ; mais l’idée même qu’elle était passagère donnait à cette fièvre de bonheur plus de force et d’activité.

— Vous voilà ? dit Corinne en voyant entrer lord Nelvil, ah ! merci. — Et elle lui tendit la main. Oswald la prit, y imprima ses lèvres avec