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Page:De Staël - Corinne ou l'Italie, Tome I, 1807.djvu/111

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CORINNE OU L’ITALIE

une vive tendresse, et ne sentit pas dans ce moment cette timidité souffrante qui se mêlait souvent à ses impressions les plus agréables, et lui donnait quelquefois, avec les personnes qu’il aimait le mieux, des sentimens amers et pénibles. L’intimité avait commencé entre Oswald et Corinne depuis qu’ils s’étaient quittés, c’était la lettre de Corinne qui l’avait établie ; ils étaient contens tous les deux, et ressentaient l’un pour l’autre une tendre reconnaissance.

— C’est donc ce matin, dit Corinne, que je vous montrerai le Panthéon et Saint-Pierre : j’avais bien quelque espoir, ajouta-t-elle en souriant, que vous accepteriez le voyage de Rome avec moi ; aussi mes chevaux sont prêts. Je vous ai attendu ; vous êtes arrivé ; tout est bien ; partons. — Étonnante personne, dit Oswald, qui donc êtes-vous ? où avez-vous pris tant de charmes divers qui sembleraient devoir s’exclure : sensibilité, gaieté, profondeur, grâce, abandon, modestie ? êtes-vous une illusion ? êtes-vous un bonheur surnaturel pour la vie de celui qui vous rencontre ? — Ah ! si j’ai le pouvoir de vous faire quelque bien, reprit Corinne, vous ne devez pas croire que jamais j’y renonce. — Prenez garde, reprit Oswald en saisissant