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CORINNE OU L’ITALIE

cette poussière antique devait s’étonner de porter un tel char ; mais, depuis la république romaine, tant de traces criminelles se sont empreintes sur cette route, que le sentiment de respect qu’elle inspirait est bien affaibli. Corinne se fit conduire ensuite au pied de l’escalier du Capitole actuel. L’entrée du Capitole ancien était par le Forum. — Je voudrais bien, dit Corinne, que cet escalier fût le même que monta Scipion, lorsque, repoussant la calomnie par la gloire, il alla dans le temple pour rendre grâce aux Dieux des victoires qu’il avait remportées. Mais ce nouvel escalier, mais ce nouveau Capitole a été bâti sur les ruines de l’ancien, pour recevoir le paisible magistrat qui porte à lui tout seul ce nom immense de sénateur romain, jadis l’objet des respects de l’univers. Ici nous n’avons plus que des noms ; mais leur harmonie, mais leur antique dignité cause toujours une sorte d’ébranlement, une sensation assez douce, mêlée de plaisir et de regret. Je demandais l’autre jour à une pauvre femme que je rencontrai où elle demeurait ? À la Roche Tarpeïenne, me répondit-elle ; et ce mot, bien que dépouillé des idées qui jadis y étaient attachées, agit encore sur l’imagination. —

Oswald et Corinne s’arrêtèrent pour considé-