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CORINNE OU L’ITALIE

faiblesse aveugle de Marc-Aurèle ; un temple à Vénus, qui, du temps de la république, était consacré à Pallas ; un peu plus loin les ruines du temple dédié au soleil et à la lune, bâti par l’empereur Adrien, qui était jaloux d’Apollodore, fameux architecte grec, et le fit périr pour avoir blâmé les proportions de son édifice.

De l’autre côté de la place l’on voit les ruines de quelques monumens consacrés à de plus nobles buts, à des souvenirs plus purs. Les colonnes d’un temple qu’on croit être celui de Jupiter Stator, Jupiter qui empêchait les Romains de jamais fuir devant leurs ennemis. Une colonne, débris d’un temple de Jupiter Gardien, placé, dit-on, non loin de l’abîme où s’est précipité Curtius. Des colonnes d’un temple élevé, les uns disent à la Concorde, les autres à la Victoire. Peut-être les peuples conquérans confondent-ils ces deux idées, et pensent-ils qu’il ne peut exister de véritable paix que quand ils ont soumis l’univers ? À l’extrémité du mont Palatin s’élève un bel arc de triomphe dédié à Titus pour la conquête de Jérusalem. On prétend que les Juifs qui sont à Rome ne passent jamais sous cet arc, et l’on montre un petit chemin qu’ils prennent, dit-on, pour l’éviter.