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Page:De Staël - Corinne ou l'Italie, Tome I, 1807.djvu/149

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CORINNE OU L’ITALIE

douleurs et la mort : un sacrifice, quel qu’il soit, est plus beau, plus difficile, que tous les élans de l’ame et de la pensée. L’imagination exaltée peut produire les miracles du génie ; mais ce n’est qu’en se dévouant à son opinion, ou à ses sentimens, qu’on est vraiment vertueux : c’est alors seulement qu’une puissance céleste subjugue en nous l’homme mortel. — Ces paroles nobles et pures troublèrent cependant Corinne ; elle regarda lord Nelvil, puis elle baissa les yeux ; et bien qu’en ce moment il prît sa main et la serrât contre son cœur, elle frémit de l’idée qu’un tel homme pouvait immoler les autres et lui-même, au culte d’opinions, de principes ou de devoirs dont il aurait fait choix.