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CORINNE OU L’ITALIE

sa vieillesse, de la vie et de ses pompes ? Se rappela-t-il ses proscriptions ou sa gloire ? craignit-il, espéra-t-il un monde à venir ? et la dernière pensée qui révèle tout à l’homme, la dernière pensée d’un maître de l’univers erre-t-elle encore sous ces voûtes[1] ?

Le mont Aventin offre plus qu’aucun autre les traces des premiers temps de l’histoire romaine. Précisément en face du palais construit par Tibère on voit les débris du temple de la Liberté, bâti par le père des Gracques. Au pied du mont Aventin était le temple dédié à la Fortune virile, par Servius Tullius, pour remercier les dieux de ce qu’étant né esclave, il était devenu roi. Hors des murs de Rome on trouve aussi les débris d’un temple qui fut consacré à la Fortune des femmes, lorsque Véturie arrêta Coriolan. Vis-à-vis du mont Aventin est le mont Janicule, sur lequel Porsenna plaça son armée. C’est en face de ce mont qu’Horatius Coclès fit couper derrière lui le pont qui conduisait à Rome. Les fondemens de ce pont subsistent encore ; il y a sur les bords du fleuve un arc de triomphe bâti en briques, aussi simple que l’action qu’il rappelle était grande. Cet arc fut élevé, dit-on, en l’honneur d’Horatius Coclès. Au milieu du Tibre on

  1. Auguste est mort à Nola, comme il se rendait aux eaux de Brundise, qui lui étaient ordonnées ; mais il partit mourant de Rome.