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CORINNE OU L’ITALIE

lement dans les édifices publics ; les maisons des particuliers étaient très-petites et très-simples. Cicéron, Hortensius, les Gracques, habitaient sur ce mont Palatin, qui suffit à peine, lors de la décadence de Rome, à la demeure d’un seul homme. Dans les derniers siècles, la nation ne fut plus qu’une foule anonyme, désignée seulement par l’ère de son maître : on cherche en vain, dans ces lieux les deux lauriers plantés devant la porte d’Auguste, le laurier de la guerre, et celui des beaux arts cultivés par la paix ; tous les deux ont disparu.

Il reste encore sur le mont Palatin quelques chambres des bains de Livie ; l’on y montre la place des pierres précieuses qu’on prodiguait alors aux plafonds, comme un ornement ordinaire ; et l’on y voit des peintures dont les couleurs sont encore parfaitement intactes ; la fragilité même des couleurs ajoute à l’étonnement de les voir conservées, et rapproche de nous les temps passés. S’il est vrai que Livie abrégea les jours d’Auguste, c’est dans l’une de ces chambres que fut conçu cet attentat ; et les regards du souverain du monde, trahi dans ses affections les plus intimes, se sont peut-être arrêtés sur l’un de ces tableaux dont les élégantes fleurs subsistent encore. Que pensa-t-il, dans